Miellerie des Terres et Monts de Flandres
Je suis un apiculteur reconverti ! Après une carrière de paysagiste, j’ai dû me résigner à choisir un autre métier pour des raisons de santé. Ne me voyant pas faire autre chose qu’une activité en lien avec la nature j’ai choisi les abeilles ! J’installe alors la miellerie chez moi à Wallon-Cappel au cœur des Flandres françaises, entre Hazebrouck et Saint-Omer. Déjà apiculteur amateur avec quelques ruches chez moi, j’ai suivi les formations nécessaires et me suis formé auprès de mes pairs dans la région avant de me lancer en tant qu’apiculteur exploitant.
DIEUSAERT Jérôme
Notre savoir-faire
Des ruchers sédentaires comme spécificité
J’ai installé les ruches à travers toute la région de Saint-Omer au Mont des Cats en passant par Armentières. J’ai choisi de sédentariser mes ruches, sans les déplacer au gré des saisons pour avoir un miel qui exprime toute l’identité du territoire. Je choisis des emplacements en fonction de paramètres propices à l’épanouissement des abeilles et à la récolte de miel de qualité. J’essaie de travailler le plus possible en collaboration avec les agriculteurs qui ont leur exploitation à proximité de mes ruches afin de limiter notamment l’impact des éventuels traitements, même biologiques, sur les abeilles.
Des ruches de proximité
Une transhumance massive des abeilles est très stressante c’est pourquoi j’ai choisi d’implanter les ruchers (entre 190 et 280 ruches dont 170 consacrées à la production de miel) dans un rayon de 50 kilomètres autour de la miellerie. Je visite les ruchers au moins une fois par semaine pour apporter les différents soins et entretiens nécessaires aux ruches et aux abeilles. La variété de plantes et de fleurs sur le territoire me permet de récolter 4 à 5 miels différents en fonction des conditions météo de l’année : miel de printemps, miel de fleurs d’été, miel de châtaignier et miels d’aubépine ou de miellat, plus rares.
Une dépendance permanente de la nature
Le métier d’apiculteur nécessite d’accepter les aléas climatiques et leur impact sur la production des ruches. Chaque année, la récolte est différente. Un temps sec, chaud et ensoleillé sera favorable et permettra d’obtenir des miels riches et aromatiques. À l’inverse, un été plus gris et frais réduira le volume de nectar collecté par les abeilles : les fleurs ont besoin d’une température minimale de 20°C pour sécréter leur nectar, nécessaire à la confection du miel par les abeilles. Cela demande une sensibilisation de chacun à l’impact de la nature pour accepter des écarts de production d’année en année.
La ruche comme structure sociale
Près de 60 000 abeilles vivent au sein d’une ruche en plein été, 60 000 individus très bien organisés, selon des normes sociales bien structurées. Une ruche est constituée de milliers d’ouvrières, de quelques centaines de mâles et d’une seule et unique reine ! J’élève mes propres reines. C’est un travail méticuleux où je sélectionne les larves, je les élève en couveuse et les implante ensuite chacune dans une nouvelle ruche orpheline où elles deviendront la nouvelle reine reproductrice. Elles sont garantes du cycle de reproduction essentiel pour la pérennité de la ruche en y assurant le renouvellement des abeilles dont l’espérance de vie n’est que de 45 jours environ en saison de floraison.
De véritables architectes
Chaque ruche est constituée de plusieurs ‘hausses’, tiroirs remplis de cadres de cire où les abeilles déposent le nectar prélevé sur les fleurs. Les hausses sont constituées de centaines de petites cavités de cire naturelle en forme d’alvéoles. Telles de vraies architectes, les abeilles bâtissent des cellules en forme d’alvéoles obliques pour permettre au miel de rester stocké à l’intérieur : la magie et la force de la nature ! Une fois le précieux miel déposé dans les petites cellules, les abeilles les rebouchent avec une fine pellicule de cire.
La délicate opération d’extraction du miel
Je retire la pellicule des alvéoles avant de procéder à l’extraction du miel. Pour cela, j’utilise une machine qui fonctionne avec la force centrifuge pour extraire le miel. Cela permet de ne pas détruire les hausses et de les réutiliser. Les abeilles mettront moins de temps et d’énergie pour reconstruire les alvéoles ! Le miel est ensuite passé dans plusieurs tamis pour le débarrasser de ses impuretés. Après deux à trois jours de repos dans une grande cuve servant de ‘maturateur’, je peux écumer les dernières impuretés remontées à la surface. Aucune autre manipulation n’est effectuée sur le miel, extrait brut de la ruche !
La conservation du miel
Contrairement à ce que l’on pourrait penser du fait de sa longue durée de conservation, le miel est un produit très fragile. Il requiert quelques précautions quant à ses conditions de conservation pour en préserver toute sa qualité. Comme le miel contient toujours un peu d’eau une fois conditionné (le taux d’humidité étant systématiquement contrôlé à la mise en pot par l’apiculteur), il supporte très mal les variations excessives de température qui pourrait faire fermenter l’eau et le sucre. Les conditions de conservation idéales : un endroit frais et sec, à l’abri de la lumière, avec une température la plus stable possible. Une cave ou un cellier à 15°C est l’idéal, le réfrigérateur n’est pas recommandé : le miel cristallise naturellement au froid.
Responsabilité et préservation de la biodiversité
Je produis de la manière la plus responsable possible ! Les résidus de miel et de cire éliminés lors de l’extraction du miel sont utilisés pour nourrir les abeilles au pied des ruchers. La cire récupérée dans les hausses usagées est fondue dans un four à énergie solaire pour en faire de nouvelles feuilles de cire. Le secteur apicole est relativement petit dans le monde agricole mais vital du fait du rôle des abeilles dans la nature pour notre sécurité alimentaire et la préservation de la biodiversité. Notre rôle en tant qu’apiculteurs est donc de protéger les colonies d’abeilles.
Miel et traçabilité
Le miel est l’un des produits alimentaires les plus sujets à la fraude. Les miels importés, principalement d’Asie, sont essentiellement composés de sirop de glucose pour réduire leur coût de production, rendant ainsi les “vrais” miels des apiculteurs européens peu compétitifs au vu de leurs propres coûts. En tant que consommateurs, vous pouvez commencer par soutenir notre travail d’apiculteurs localement en choisissant le miel produit au plus proche de chez nous. Cela permettra en partie de réduire les besoins d’importation de miel, non naturel, rendant difficile l’exploitation apicole et donc la préservation des colonies d’abeilles sur nos territoires.
D’où vient le miel ?
Les abeilles ont un rôle de pollinisation : elles permettent aux fleurs de se reproduire en transportant le pollen des éléments mâles aux éléments femelles des fleurs. Les fleurs produisent une substance sucrée, le nectar, qui attirent les abeilles. Elles le prélèvent dans les fleurs dites ‘mellifères’ et le rapportent ensuite à la ruche. Ensuite, elles transforment ce nectar en miel en l’asséchant progressivement pour qu’il ne reste plus que le sucre naturel.